Internet est présent partout. Le numérique s’est invité dans nos vies comme un vendeur en porte à porte: en glissant le pied dans l’encadrure, nous empêchant de le congédier à loisir. Hôte non grata, voilà l’usage numérique présent dans tous les foyers, emmenant avec lui ses conditions d’utilisation, ses codes, son vocabulaire, ses outils… et aucune pédagogie fournie.
L’illectronisme, ce mot devenu valise recèle pourtant des nuances qui méritent d’être connues, comprises et prises en considération.

50 nuances d’illectronisme: de l’illusion d’un monde tout-connecté.
Lors de la lecture de cet article « Illectronisme : les laissés-pour-compte du tout-numérique » qui tire son essence de témoignages, on remarque bien que l’illectronisme revêt plusieurs formes.
On y découvre les personnes telles que:
- Sonia – 41 ans, une mère isolée lors du 1er confinement « Impossible d’aider mes fils pour les cours à la maison, d’entamer les démarches liées à ma séparation : nous n’avons pas d’ordinateur, or tout se fait sur Internet, soupire-t-elle. De toute façon, je n’ai jamais rien compris aux trucs en ligne. »
- Michel, 57 ans, assistant comptable : « Je maîtrise [le logiciel] Excel et les impôts en ligne, mais je suis un peu perdu quand il faut parler sur Skype ou WhatsApp. »
- Marianne, 46 ans, vendeuse : « Je n’ai jamais bien compris les subtilités des “cci” et “cc” dans les mails, je tape à la vitesse d’un escargot : je suis vite larguée. »
- Yoan, 19 ans, en recherche d’emploi : « Je suis le roi sur [l’application] TikTok et [le réseau social] Instagram, mais [le logiciel de traitement de texte] Word, c’est du chinois. »
Entre celles et ceux qui n’utilisent pas du tout l’ordinateur, ou certains qui n’utilisent que les réseaux sociaux, les seniors (parfois réfractaires) il est difficile de mettre tout le monde sur un même niveau. Pourtant toutes et tous doivent communiquer avec l’administration française, leurs fournisseurs d’énergie ou leur assurance.
Quelles solutions s’offrent aux personnes qui se sentent, à raison, démunies et isolées face à leurs écrans ou à leurs soucis administratifs insolvables sans « espace en ligne »?

Les médiateurs et conseillers numériques à la rescousse des oubliés de la transition numérique.
La pandémie n’a fait qu’accentuer la fracture, la rendre encore plus visible.
Oh oui, on fait de beaux rapports, très complets tel « Les bénéfices d’une meilleure autonomie numérique » publié en 2018, mais quid des actions concrètes en région?
Le confinement de l’année 2020 a bousculé la (re)prise de conscience ET l’ampleur du phénomène. En effet, alors que toutes les administrations, tous les acteurs des services ont fermé ou réduit leurs points d’accueil (physiques ou téléphoniques), les administrés et usagers eux, n’ont pas pu faire valoir leurs droits, faire entendre leurs questions. Bien sûr, quelques solutions d’urgences ont été mises en place telle que la plateforme « Solidarité Numérique« , là dans l’ombre d’un numéro d’un numéro de hotline se sont proposés de nombreux médiateurs numériques bénévoles dont ceux de Zoomacom, le pôle ressource numérique de la Loire.
A lire aussi l’article de France Télévision sur le sujet ici et l’article sur la solidarité numérique post confinement ici.
Le temps a passé depuis le confinement, mais le problème reste entier même si moins médiatisé. Le quotidien a repris sa course et ceux laissés sur le rebord du chemin de l’internet, le sont toujours. « L’illectronisme ne disparaîtra pas d’un coup de tablette magique ! » c’est le titre du rapport de M. Raymond VALL, fait au nom de la MI Illectronisme et inclusion numérique le 17 septembre 2020.
Si la prise de conscience est bien là, les moyens eux sont moindres pour y faire face. Moindre, ce n’est pas rien – et c’est avec ces moyens que les médiateurs numériques, animateurs multimédias des EPN (4500 en France) et autres conseillers numériques (4000 formés en 2021) accompagnent les « oubliés » du numérique.
« Le but n’est pas simplement d’apprendre à utiliser un PC, mais de rendre autonome en donnant les clés pour l’autoapprentissage permanent qu’exige le numérique ».
Corentin Voiseux, cofondateur d’Hypra.
Accompagner et former plutôt que de « faire à la place » – ce nouveau défi à relever.

Les médiateurs et conseillers numériques, aident dans l’urgence, mais le plus important est de rendre les usagers autonomes dans leurs démarches en ligne!
Il n’y a pas d’autre solution que de former les « oubliés » – les « publics éloignés du numérique » pour qu’ils puissent acquérir les compétences de bases du numérique.
Quelles sont les compétences numériques évaluées pour déterminer le niveau d’illectronisme?
Selon l’étude de l’Insee sur l’illectronisme en France, 38% des usagers, en France, manquent d’aptitudes considérées comme basiques. Ces aptitudes numériques de bases regroupent les quatre domaines suivants:
- la recherche d’information (sur des services marchands ou administratifs…)
- la communication (envoyer ou recevoir des e-mails)
- la résolution de problèmes (accéder à son compte bancaire par Internet, copier des fichiers, …)
- l’utilisation de logiciels (tels que les logiciels de traitement de texte). Cette dernière compétence est, selon l’INSEE, celle que les Français maîtrisent le moins : 35% des usagers d’Internet et 45% de l’ensemble de la population se trouvent dans l’incapacité d’utiliser un logiciel de traitement de texte. Un outil pourtant essentiel aujourd’hui dans la vie professionnelle et dans les démarches administratives.

Quelles sont les solutions dans la Loire pour lutter contre l’illectronisme?
Loin de céder à la fatalité, nombreuses sont les structures, associations, entreprises qui ont fait de la lutte contre l’illectronisme une (réelle) priorité.
On peut contacter dans la Loire:
- des Espaces Publics Numériques (EPN) pour suivre des cours d’informatique, des ateliers de pratique ou d’initiation aux usages du web (réseaux sociaux, internet, recherche d’emploi…). Retrouvez ici la cartographie Hinaura.
- Des espaces France Services: dotés de conseillers numériques, ils accueillent tous types de publics afin de les accompagner dans leur relation avec les services publics et faire valoir leurs droits.
- Des acteurs que la MedNum pour mettre en relation les structures dans le besoin et les acteurs numériques locaux.
Trouver un accompagnement sur-mesure pour accompagner votre public en situation d’illectronisme.
Il existe des solutions selon l’urgence et l’importance de la demande de votre public.

Faire appel à un médiateur numérique pour animer des formations ou des ateliers pour acculturer et aider à l’usage du numérique sous toutes ses formes – participer de façon durable à réduire le niveau d’illectronisme.
Faire appel à un écrivain public numérique vous permet de pallier les besoins d’aide de particuliers pour faire avancer leur dossiers administratifs en urgence. L’exclusion numérique prend plusieurs formes et la barrière de la langue en est une, ainsi je peux accompagner les primo-arrivants dans leurs relations avec l’administration.